Compte Rendu Club NR spécial Infras et hébergement

🌱 Hébergement et infrastructures : comment mesurer et réduire l’impact environnemental ?


Compte rendu généré à partir d'une intelligence artificielle générative

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Dans un contexte où les entreprises du numérique cherchent à concilier performance et responsabilité, la question de l’hébergement des données et de l’impact environnemental des infrastructures IT devient centrale. Le Club Numérique Responsable de Digital League a récemment organisé une session dédiée à ce sujet. Nous y avons parlé d’empreinte carbone, de data centers, de réemploi de matériel… et surtout des bons réflexes à adopter pour un numérique plus soutenable.

Voici ce qu’il faut retenir si vous n’avez pas pu y assister : 

💡 Des serveurs plus verts ? Comprendre les enjeux

Derrière nos services numériques se cache une réalité matérielle lourde de conséquences : la fabrication d’un serveur peut générer plus de 1300 kg de CO₂ équivalent, bien plus qu’un laptop classique. Pour compenser cet impact, il faut en moyenne 7 à 10 ans d’usage, selon les données d’Infomaniak.

À cela s’ajoute l’impact de l’énergie utilisée pour faire tourner ces serveurs : un data center situé en France ou en Suisse bénéficiera d’un mix énergétique bas carbone, contrairement à d’autres régions du monde. Autre élément clé : les stratégies de réemploi, qui prolongent la durée de vie du matériel.

🔧 Matériel, cycle de vie et localisation : la vision d’Aneol pour des infrastructures plus responsables

Stéphane Taravant a ouvert la session en apportant un éclairage essentiel sur l’impact environnemental du matériel informatique utilisé dans les infrastructures numériques, en particulier les serveurs.

Il rappelle que dès leur fabrication, les équipements IT génèrent une dette carbone importante : environ 500 kg de CO₂ eq pour un laptop, et bien davantage pour un serveur, selon sa composition. Cette empreinte initiale peut être amortie uniquement si les équipements sont exploités sur une longue durée, d’où l’importance de prolonger le cycle de vie des serveurs, idéalement jusqu’à 10 voire 15 ans.

Pour cela, Stéphane met en avant les stratégies de réemploi mises en œuvre par les hébergeurs : remplacement de composants critiques (alimentation, disques, etc.), programmes de reconditionnement (comme le programme “Nursery” de Scaleway), ou revalorisation des serveurs via des offres moins critiques chez OVH. Ces pratiques permettent de réduire significativement l’empreinte carbone des infrastructures.

Autre point central : la localisation géographique des data centers. Le mix énergétique du pays où sont hébergés les serveurs influence directement l’impact carbone de leur exploitation. À ce titre, la France et la Suisse se distinguent positivement, avec un mix bas carbone, contrairement à d’autres pays comme les États-Unis.

Stéphane partage également la démarche d’Aneol, qui utilise du matériel reconditionné en interne pour les environnements de préproduction, tout en s’associant à des hébergeurs responsables pour les environnements critiques. L’entreprise s’est aussi engagée dans une démarche de mesure continue de son impact, avec l’objectif d’évoluer vers toujours plus de sobriété.

Son intervention rappelle que le numérique responsable commence dès le choix des équipements, et qu’un usage raisonné, localisé et mesuré des ressources peut fortement réduire l’impact global des services numériques.


🔍 Hébergement, mesure et optimisation : retour d’expérience de Kobalt

Julien Benichou, dirigeant de la société Kobalt, a présenté une démarche structurée autour de l’hébergement responsable, inscrite dans une stratégie plus large de transformation environnementale de l’entreprise. Trois axes guident cette stratégie : formation, mesure et transformation.

Kobalt a réalisé son bilan carbone en 2023, révélant que l’hébergement (serveurs, VM et stockage) représentait 26 % des émissions totales, en tête des postes d’impact. L’analyse a été menée jusqu’au scope 3, avec l’appui du Diag Décarbon’action de Bpifrance, et a nécessité des calculs personnalisés faute d’outils adaptés au cloud public.

L’équipe a notamment pris en compte l’amortissement des machines, la consommation énergétique théorique et le taux d’utilisation des VM. Un outil maison open source, OVH Exporter, a été développé pour suivre mensuellement la consommation des serveurs (via Prometheus et Grafana).

Julien insiste sur l’importance de mesurer la réalité d’usage, par exemple via l’extinction des machines de test la nuit ou l’usage de Kubernetes, qui a permis un gain x4 en efficacité sur l’usage des VM. Kobalt a également évalué son fournisseur OVH via le référentiel environnemental de la DIRA (cluster régional), qui comprend 20 critères pratiques (PUE, % d’énergie renouvelable, recyclage, etc.).

Le choix d’OVH a été dicté par des contraintes de souveraineté (cloud hébergé en France), nécessaires pour certains projets publics. Julien souligne que les enjeux environnementaux rejoignent souvent les intérêts économiques, facilitant leur adoption par les clients, contrairement à d’autres sujets RSE comme l’accessibilité.

Enfin, il rappelle que le numérique responsable ne se limite pas à l’infrastructure : la sobriété dès la conception est essentielle pour éviter le surdimensionnement des applications.


🎯 Retour d’expérience : Open SCOP et le choix d’un hébergeur responsable

Roland Niccoli a partagé un témoignage concret et pragmatique sur le changement d’hébergeur opéré par Open SCOP en 2023. L’entreprise a décidé de quitter Gandi, son fournisseur historique, après son rachat et une dégradation notable des services : augmentation des tarifs, baisse de la qualité du support et opacité commerciale. Cette situation a été le déclencheur d’une réévaluation complète des hébergeurs selon des critères techniques, éthiques et environnementaux.

Trois prestataires ont été comparés sur une période de 6 mois : OVHcloud, Scaleway et Infomaniak. Les critères analysés incluaient :

  • L’engagement environnemental (énergie renouvelable, cycle de vie des serveurs, PUE, etc.)

  • La protection des données

  • La compatibilité avec les technologies open source

  • La qualité du support client et la simplicité d’administration

Le choix s’est porté sur Infomaniak, pour la cohérence de ses engagements environnementaux (serveurs poussés à 15 ans, refroidissement par air, 100 % d’énergie renouvelable, PUE de 1,06), ses pratiques éthiques (transparence du programme revendeur, support de qualité) et son approche technique (solutions open source, performance supérieure mesurée).

La migration de plus de 300 services a représenté 300 heures de travail, mais les résultats ont été concluants : amélioration des performances, satisfaction des équipes techniques et non-techniques, meilleure autonomie client. Roland souligne également que ce choix s’inscrit dans une démarche globale d’entreprise engagée, qui inclut un fournisseur d’électricité renouvelable et une future labellisation Numérique Responsable.

 Hébergeurs comparés : Infomaniak, OVH, Scaleway, Adista

🇫🇷 Adista

  • 14 data centers en France, dont un réaménagé dans un ancien entrepôt frigorifique

  • PUE : variants de 1.2 à 1.6


🟢 Infomaniak

  • Durée de vie des serveurs : jusqu’à 15 ans

  • Refroidissement par air extérieur, PUE de 1.06

  • 100 % d’énergie renouvelable, compensation CO₂ à 200 %

  • Hébergeur suisse aux engagements RSE solides et transparents

  • Interface claire, programme revendeur équitable et outils open source

⚙️ OVHcloud

  • Durée de vie : 5 à 9 ans selon gamme

  • Outils de suivi de consommation énergétique via Prometheus et Grafana

  • Engagement pour un cloud souverain hébergé en France

  • Calculatrice carbone disponible, récemment élargie au cloud public

  • PUE moyen : 1.26

🧪 Scaleway

  • Programme Nursery pour tester et réemployer les disques durs

  • Surveillance proactive des composants critiques

  • Actuellement testé par Doing pour sa stratégie de transition

  • PUE moyen : 1.15



 Quels sont les indicateurs environnementaux à suivre ?

Les performances environnementales des data centers sont aujourd’hui évaluées à travers plusieurs indicateurs clés.
 Le plus couramment utilisé est le PUE (Power Usage Effectiveness), un indicateur normalisé défini par The Green Grid, qui mesure le rapport entre l’énergie totale consommée par un data center (alimentation, refroidissement, etc.) et l’énergie réellement utilisée par les équipements informatiques (serveurs, stockage, réseau). Un PUE de 1 représente une efficacité parfaite, c’est-à-dire que toute l’énergie consommée sert uniquement aux équipements IT. En pratique, un PUE inférieur à 1,3 est considéré comme performant. À côté du PUE, d’autres indicateurs complémentaires émergent pour affiner l’évaluation, tels que le WUE (Water Usage Effectiveness), qui quantifie la consommation d’eau, ou le CUE (Carbon Usage Effectiveness), qui rapporte les émissions de CO₂ aux performances IT. 
Enfin, des référentiels comme ceux de l’ISO (notamment ISO 50001 pour la gestion de l’énergie) ou des initiatives sectorielles comme le Code of Conduct européen sur l’efficacité énergétique des data centers, offrent des cadres pour guider les opérateurs dans l’amélioration continue de leur empreinte environnementale.


🛠️ Conseils pratiques : ce qu’ont partagé nos intervenants

🧑‍🔧 Stéphane Taravant – Aneol

Préférez le matériel reconditionné, surtout pour les environnements de test. Analysez finement le cycle de vie des équipements, la localisation du data center et le mix énergétique local. Le réemploi, bien géré, est un levier puissant.

🧑‍💻 Julien Benichou – Kobalt

Le numérique responsable, ce n’est pas que de la théorie : Kobalt a développé un outil open source pour monitorer en temps réel l’usage et l’impact de ses serveurs. Résultat ? Une réduction de l’empreinte via Kubernetes et l’extinction automatique des VM inutiles en dehors des heures de bureau. OVH a été choisi pour sa souveraineté et ses outils techniques.

👉 Ressource utile : Le référentiel ADIRA, qui permet de challenger les hébergeurs selon 20 critères environnementaux.

🧑‍🔬 Roland Niccoli – OpenSCOP

Open SCOP a basculé tous ses services chez Infomaniak après une analyse comparative de 6 mois. Un choix dicté par la performance, les engagements environnementaux et la qualité de l’expérience utilisateur. Bonus : des outils de sauvegarde performants et un programme revendeur transparent. 

🔧 Nicolas Bard – Doing

Doing gère une baie chez Adista et s'est lancé dans un chantier de consommation énergétique réelle
En test actuellement : CO₂ Scope, un outil prometteur pour affiner les mesures d’impact. Objectif : optimiser l’infra, réduire les coûts et l’empreinte.


✅ Les bons réflexes à adopter

  1. Mesurez votre empreinte numérique - Commencer par un  Bilan carbone (scope 1, 2, 3) est un bon début, mais vous pouvez étendre la démarche à une mesure plus holistique de l'empreinte environnementale.

  2. Prolongez la durée de vie des équipements (réemploi, reconditionné)

  3. Surveillez l’usage réel via des outils comme Prometheus, Zabbix ou CO₂ Scope

  4. Questionnez vos hébergeurs : durée de vie des serveurs, PUE, énergie verte, certifications ISO…

  5. Optimisez vos ressources (VM partagées, extinction nocturne, Kubernetes)

  6. Intégrez la sobriété numérique dès la conception produit

📌 Pour aller plus loin


Et vous ?

Avez-vous évalué votre hébergeur actuel ? Pensez-vous à intégrer l’impact environnemental dans vos décisions d’architecture cloud ?
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