Dans un monde où la consommation énergétique est scrutée à la loupe, l’Arcep nous livre son rapport annuel « Pour un numérique soutenable », une fresque révélatrice des paradoxes de notre ère numérique. Ce tableau, peint avec des données aussi précises qu’inquiétantes, dépeint un secteur en pleine croissance… et en pleine contradiction avec les objectifs écologiques.
Des Box Énergivores et des Réseaux Voraces
Les box internet et décodeurs TV, ces gardiens silencieux de nos loisirs numériques, se révèlent être de véritables gouffres énergétiques. Avec une consommation annuelle d’électricité représentant 0,7 % de celle de la France en 2022, ils sont trois fois plus gourmands que les réseaux fixes. Et ce, malgré une utilisation qui ne fluctue guère, que l’on soit en pleine frénésie de streaming ou plongé dans le silence numérique. L’Arcep pointe du doigt une marge de progression pour ces équipements, qui pourraient bénéficier d’une mise en veille plus efficace.
Émissions en Hausse, Téléphones en Baisse
Les émissions de gaz à effet de serre des opérateurs télécoms grimpent de 2 % pour la deuxième année consécutive, atteignant 382 000 tonnes équivalent CO2 en 2022. Une hausse portée par l’augmentation de la consommation de données mobiles et les déploiements des réseaux mobiles, qui voient leur consommation énergétique doubler entre 2021 et 2022. Pendant ce temps, les ventes de téléphones mobiles et reconditionnés chutent, avec une part de marché des téléphones reconditionnés chez les opérateurs télécoms qui reste anecdotique.
Des Écrans Plus Grands, Une Empreinte Plus Lourde
L’Arcep observe une baisse des volumes d’équipements numériques mis sur le marché, mais une augmentation de la taille des écrans. Un phénomène qui pourrait contrebalancer les efforts de réduction de l’empreinte environnementale des fabricants de terminaux, car qui dit plus grand écran, dit souvent plus grande consommation.
Centres de Données : Des Géants Assoiffés
Les opérateurs de centres de données, ces cathédrales du cloud, voient leurs émissions de gaz à effet de serre et leur consommation d’électricité et d’eau grimper de plus de 10 % en 2022. Une croissance qui reflète l’augmentation des usages numériques et de l’externalisation des services informatiques. L’Arcep souligne l’importance de suivre la consommation d’eau, notamment dans un contexte de réchauffement climatique où cette ressource pourrait devenir critique.
Vers un Avenir Plus Vert ?
L’Arcep, dans sa quête pour un numérique plus vert, annonce l’enrichissement de son enquête annuelle avec de nouveaux indicateurs et la collecte de données auprès des équipementiers de réseaux mobiles. Un outil au service du débat public et de la stratégie bas carbone du numérique, qui vise à informer, inciter à l’action et évaluer les politiques publiques.
En somme, ce rapport de l’Arcep est un rappel cinglant que le chemin vers un numérique responsable est semé d’embûches et d’ironies. Entre des équipements toujours plus performants et une consommation énergétique qui s’envole, trouver l’équilibre entre innovation et préservation de l’environnement reste un défi de taille pour notre société connectée.
Le rapport complet est disponible ici...